Coconne répare l'ADN

Publié le par coconne

Avez-vous déjà essayé de poser une question simple comme « la catastrophe de Tchernobyl a fait combien de victimes ?» …

Si c’est le cas, vous êtes, comme moi, tombé sur un os.

Georges Charpak, pourtant plus fort en mathématiques que coconne, rencontre le même problème. On se trouve face à des évaluations « scientifiques » qui varient dans un rapport de un à trente. De 30 000 à 900 000 victimes (cf. « Feux follets et champignons nucléaires »).

 

Ma question est la suivante : est-il abusif d’imaginer que les scientifiques qui obtiennent des résultats très bas sont proches des milieux favorables au nucléaire civil, et inversement pour ceux qui obtiennent un nombre important de victimes ?

 

Ne soyons pas manichéens. On peut aussi imaginer que des chercheurs soient de mauvaise foi naturellement, sans pour autant être aiguillés par un lobby. Un scientifique peut aussi oeuvrer dans le sens d’un lobby en toute bonne foi, parce qu’il est sincèrement convaincu que l’intérêt du lobby et celui de la collectivité nationale sont les mêmes. Dans ce cas le scientifique met librement sa carrière et sa popularité au service d’un groupe d’influence, parce qu’il est convaincu de faire le bon choix. Tout peut arriver.

 

Cependant, le citoyen est bien ennuyé. Dans la pléthore d’informations de tous niveaux qu’on trouve sur internet, à supposer qu’il cherche lui-même l’information, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, il faut bien avouer que sa faculté de trancher est mise à mal.

 

Dans son livre, Georges Charpak s’en sort  en bricolant. Rappelons tout d’abord que que le prix Nobel était favorable au nucléaire civil et qu’il ne s’en cachait pas. Il était membre du comité scientifique et éthique d’AREVA.

On pouvait donc s’attendre à ce qu’il défende bec et ongle les évaluations les plus basses des conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl. Ce n’est pas le cas. En fait, il fait une sorte de moyenne. Il prend en considération l’écart considérable entre les différentes études, et opte pour une solution médiane.

Charpak est plus fort en maths que coconne, mais il n’est pas épidémiologiste. En qualité de physicien, il a … presque autant de mal à se faire une opinion, que le citoyen néophyte.

Sa manière de raisonner est séduisante. Ne sachant pas où placer le curseur entre 30 000 et 900 000 victimes, Charpak conclue en « homme de bon sens » que la vérité est sûrement au milieu, quelque part au milieu, au milieu du milieu…. C’est tentant mais vague, flou et au final assez peu scientifique. Il y a autant de chance que la vérité soit au milieu qu’à n’importe quel autre endroit de la fourchette. Et chaque victime a un droit inaliénable à connaître l’origine de ses troubles de santé.

 

Nous, citoyens de bases, réagissons aussi souvent comme Charpak. Face à des résultats scientifiques aussi dissemblables, et eu égard au fait que les chercheurs qui aboutissent à ces résultats contradicatoires sont aussi bardés de diplômes les uns que les autres, nous sommes tentés de conclure que la « vérité » ou la « réalité » est quelque part au milieu. Quelque part.

 

Cette indétermination du curseur, cette incapacité formelle dans laquelle nous somme placés de dire si oui ou non une catastrophe nucléaire de grande ampleur telle que Tchernobyl a des conséquences sanitaires majeures n’est pas un détail.

 

En effet, cette information influe énormément sur notre perception du nucléaire civil. Si nous sommes incapables de définir l'ampleur d'une catastrophe sanitaire, en lien avec la production d’énergie électrique dans une centrale, nous ne serons pas en mesure de dire si nous voulons continuer dans cette production au rythme actuel. Nous serons donc incapables de dire si nous assumons ce risque collectif. Nous serons incapables de savoir si nous voulons prioriser les investissements sur d’autres manières de produire de l’énergie. Nous serons incapables nous passionner pour les négociations entre EELV et le PS à propos de la filière nucléaire. Nous serons neutres. Ou neutralisés... Incapables de dire si nous sommes en mesure de faire confiance à certains députés ou sénateurs qui nous répètent en boucle que les installations nucléaires françaises sont « sûres ».

 

Les installations japonaises l’étaient aussi.

 

Bref, derrière ces batailles d'épidémiologistes, arbitrées par des prix Nobels de physique et relayées par les médias, les enjeux de pouvoir et d’influence ne sont pas minces. Et nos cerveaux mis à rude épreuve.

 

Ceci explique peut être pourquoi, dans un documentaire récent réalisé par Luc Riolon, et intitulé « Tchernobyl, une histoire naturelle »,

http://www.arte.tv/fr/3183576,CmC=3183232.html

avec le partenariat d’ARTE et du CNRS, on nous montre complaisamment un scientifique déguster les cerises de la zone d’exclusion de Tchernobyl (où toute vie humaine est interdite). L’intéressé, qui vit de manière illégale sur les lieux, cultive un jardin expérimental, dont il déguste les produits après en avoir dûment mesuré la dangerosité. Expérience extrême. Le fait de vivre là implique de recevoir en continu les rayonnements qui sont dégagés par le sol ou les végétaux. Ingérer des produits contaminés revient à se contaminer soi même. Passeport pour le cancer. Quelles peuvent être les arrière-pensées de telles images ? L’intéressé vit-il réellement sur ces terres ? Nous sommes en territoire russe. L’ancienne URSS. Une contrée ou le mensonge a été institutionnalisé pendant quelques décennies.

 

Un autre scientifique, Sergei Gaschak, dort à même le sol, enveloppé dans une couette. L’image immortalise le souvenir de cette couette sur un sol radioactif, avec un scientifique qui expose paisiblement son corps à une arrivée massive et longue de rayonnements. Notre mémoire enregistre également cette information.

D’autant que sommes amenés à contempler des souris « en bonne santé » au bout de quarante générations.

D’autres scientifiques, dans le même documentaire, expliquent que les populations d’hirondelles sont affectées par les rayonnements et la contamination (dans leur durée de vie, dans leur génome, etc.). Ces hirondelles sont-elles un écart à la norme des mulots, ou les mulots sont-ils un écart à la norme des hirondelles ?

Le citoyen, le spectateur, doit mixer ces images dans son esprit pour en faire une soupe absorbable. Plus rien n’a de sens. La radioactivité est à la fois dangereuse et inoffensive. La confusion règne.

 

Le but de ce documentaire n’est peut être pas d’installer la confusion. Cependant le résultat est là. Loin d’avoir donné au citoyen les moyens de se faire une opinion par ses propres moyens, il le plonge dans un abîme d’interrogations. On pourrait assimiler cette action à de la fabrication artificielle de doute. Le citoyen baignait dans la certitude, étant parvenu à se constituer un petit stock d’axiomes stables du style « la radioactivité est dangereuse pour la santé » ; « il est dangereux de recevoir des rayonnements radioactifs » ; « il est dangereux de se contaminer soi-même en absorbant des aliments contaminés par des radionucléides » ; « la radioactivité est dangereuse pour l’environnement » ; « la radioactivité affecte le vivant, végétal ou animal, dans son génome ». Mais les images et les commentaires de ce film viennent casser ces belles certitudes, exactement comme les électrons chargés d’énergie du rayonnement beta viendraient casser des brins d’ADN. Le temps de se reconstruire des certitudes, le citoyen a le sentiment que la question du nucléaire civil est si difficile à trancher qu’il est toujours bon de s’abriter derrière les autorités politiques et scientifiques en ce qui concerne les choix énergétiques de son pays .

 

Avouez que ça tombe bien. Tout ça se passe en France.

 

Publié dans désinformation

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C
Blog(fermaton.over-blog.com)No.4- THÉORÈME OVERLAP. - L'ADN de la Conscience.
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V
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre article.<br /> <br /> Les 12 et 13 mai 2012 a eu lieu le 1er Forum scientifique et citoyen sur la Radioprotection " De Tchernobyl à Fukushima" à Genève à quelques pas du siège de l'Organisation Mondiale de la Santé.<br /> <br /> Des scientifiques indépendants (russes, biélorusses,japonais,français,suisse) et des acteurs de la société civile se sont exprimés.<br /> <br /> Pour voir le communiqué de presse final de ces 2 journées et les résumés des interventions.<br /> Merci de vous rendre sur le site : www.independentwho.org<br /> Les actes de ce forum seront publiés à l'automne 2012.<br /> <br /> Le collectif Independentwho a mis en place depuis le 26 avril 2007 devant le siège de l'OMS une vigie d'Hypocrate pour dénoncer l'accord entre l'OMS et l'Agence Internationale de l'Energie Atomique<br /> (AIEA).Tout citoyen et citoyenne est invité à participer à la vigie.( l'hébergement est offert.<br /> Pour plus de renseignements : rendez-vous sur le site<br /> et pour s'inscrire : paul.roullaud@free.fr<br /> <br /> Vera<br /> Pour Independentwho
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D
Bienvenue dans la communauté verte et le bonjour de Haguenau en Alsace<br /> <br /> Doc de Haguenau<br /> <br /> http://www.dorffer-patrick.com
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C
<br /> <br /> Merci Doc !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />